Un jour, de compagnie et marchant côte à côte,
Allaient, je ne sais où
Sa grandeur le chameau,, portant la tête haute.
Et maître Aliboron , humble et baissant le cou.
Ils arrivent au bord d’un fleuve.
L’onde était calme, et le chameau
Propose à l’âne cette épreuve :
« Voyons qui de nous deux, traversant ce, ruisseau,
Sera le premier sur la rive? »
Il dit, s’ouvre les flots, franchit l’espace, arrive
Et voit son compagnon resté sur l’autre bord.
«Eh bien! que fais-tu donc ? as-tu peur de cette onde?
Poltron ! elle n’est point profonde ;
Tu l’as vu, j’en avais à mi-jambes. — D’accord,
Répond sagement l’autre bête;
Mais j’en aurais , moi, par-dessus la tête,
Et je te dis adieu.»
Que de gens moins sensés j’ai vus en plus d’un lieu!
“L’Âne et le Chameau”
Fable traduite du Persan