Un Âne, allant au pâturage,
Trouve une flûte sur l’herbage.
Oh, oh, dit-il, voilà cet instrument
Dont les bergers de mon village
Font un usage si fréquent,
Et grâce auquel ils ont ce doux ramage
Dont ils sont si fiers ! à présent
Que je l’ai, tout comme eux je gage
Me rendre fameux par mon chant.
Il dit et souffle , et je ne sais comment ,
Il en tire un son agréable.
L’Âne dans son ravissement
Saute et gambade en s’écriant :
D’un joueur de flûte admirable
Venez, bergers, applaudir le talent !
Il vous efface en débutant.
L’avantage le plus futile
A nos yeux est toujours complet ;
Tel rimailleur pour un couplet
Se croit le rival de Virgile.
“L’Âne joueur de Flûte”
- Jean-Espérance-Blandine de Laurencin – 1733 – 1812