Un pauvre âne, transi de froid au milieu de l’hiver, soupirait après le printemps ; il vint assez tôt, et maître baudet fut obligé de travailler depuis le matin jusqu’au soir : cela ne lui plaisait pas ; il était naturellement paresseux : tous les ânes le sont. Il désire voir l’été ; cette saison est beaucoup plus agréable ; elle arrive. Ah ! qu’il fait chaud ! s’écria maître Grison, je suis tout en eau : l’automne me conviendrait beaucoup mieux. Il se trompa encore ; car il fut obligé de porter au marché des paniers remplis de poires, de pommes, de choux, et de toutes sortes de provisions. Il n’avait pas de repos : à peine avait-il le temps de dormir. Sot que j’étais de me plaindre de l’hiver, dit-il : j’avais froid, il est vrai ; mais du moins je n’avais rien à faire qu’à boire et à manger ; et je pouvais me coucher tranquillement toute la journée,’ comme un animal d’importance, sur ma litière.
Chaque saison de la vie a ses avantages et ses inconvénients : l’homme prudent ne se plaint d’aucune.
“L’Âne mécontent”