David Di Paolo
Fabuliste contemporain – L’Arche de Noé
Il y a quelques millénaires,
Un homme prénommé Noé
Construisit sur ordres du Père
Une arche de trois cent coudées
Un choix d’espèces animales
Y fut logé, formant un zoo
Qui voguerait sans aucun mal
Quarante jours sur les grands flots
Fier de lui, Noé naviguait
En pensant réintroductions :
« Une fois le danger passé
Chacun rejoindra sa maison ! »
Mais quand revint la marée basse,
Ce fut comme un coup de tonnerre !
Le grand Déluge avait, hélas,
Défiguré toute la Terre :
« La végétation a pourri
Asphyxiée sous les océans !
Aucun des animaux choisis
Ne pourrait survivre céans ! »
C’est ainsi que les animaux,
Privés des milieux naturels,
Ne purent quitter le bateau
Et durent rester sous tutelle
De nos jour, du monde sauvage,
L’extinction massive est en marche
Et selon un mauvais adage
Les zoos seraient de Noé, l’Arche
Nous abritons avec vaillance
Nos préférés face au désastre
Tandis que succombe en silence
La vie sauvage sur notre astre
Mais il devient urgent d’agir
Afin de freiner l’extinction :
Les zoos ne sauraient devenir
Les musées du Grand Abandon
Note : Je suis conscient que certains zoos s’impliquent de manière sincère pour la préservation dans la nature d’espèces ou milieux protégés. Cependant, trop souvent dans la tête des gens, les discours des médias ou les discours des zoos eux-même, la préservation de la “biodiversité” se résume à élever des espèce rares, les faire connaître, et peut-être un jour les réintroduire. Malheureusement, cette conservation dite “ex-situ” a porté ses fruits pour quelques espèces mais ne saurait compenser la perte mondiale de biodiversité liée à l’exploitation toujours plus forte des ressources naturelles.
David Di Paolo