« Quand l’orage gronde,
Quand l’éclair
Fend l’air, et que le ciel inonde
La plaine et les coteaux,
Petits enfants, qui gardez les troupeaux,
Courez sous l’aubépine,
Elle a vertu divine,
Contre la foudre qui jamais
Ne frappe son feuillage épais. »
C’est ainsi que grand-mère,
Nous apprenait comment
On peut certainement
Se préserver des effets du tonnerre.
Elle disait : « Mes petits,
Fuyez, fuyez les chênes,
Les peupliers, les ormeaux et les frênes ;
Beaucoup qui dessous se sont mis
Ont été frappés de la foudre,
Brûlés, réduits en poudre. »
Ô ! les bonnes leçons !
Innocents préjugés, ou naïves légendes,
De l’esprit, si nous vous chassons,
Au cœur, vous revenez par bandes ;
Instinctives notions,
Des gens simples du village,
Vous êtes des affections,
Que nous gardons du jeune âge.
Grâce à de savants professeurs,
Aujourd’hui je m’explique
Comment le fluide électrique
Atteint les sommets, les hauteurs,
Et des grands arbres les cimes,
Tandis que les humbles buissons
N’en sont jamais victimes.
Je sais, grâce à leurs leçons,
Que si par malheur on s’obstine
A prendre pour abri l’arbre qui monte aux cieux.
On s’expose, et qu’il vaut mieux
S’abriter sous l’aubépine.
La foudre frappe les hauteurs,
Vous que l’ambition domine,
Vous risquez tout sous vos grandeurs
Et moi rien sous mon aubépine.
“L’Aubépine”