Un aveugle, un boiteux, dans un mauvais chemin
Se rencontrant ; le pauvre aveugle
Crioit : eh ! donnez-moi la main,
Je vas périr. Voyez donc comme il beugle.
Dit l’autre, & moi ne suis-je pas boiteux,
Estropié ne me traînant qu’à peine,
Et comme toi nécessiteux ?
Tu me parois, cependant, vigoureux !
Charges-moi sur ton dos pour traverser la plaine,
Que tes pieds deviennent les miens.
Et mes yeux deviendront les tiens,
Ainsi dit, ainsi fait. Ce mutuel service,
Cet accord, fit leur sureté,
Les retirant de plus d’un précipice,
Ainsi de nos besoins naît la société.
“L’aveugle et le boiteux”
René Alexandre de Culant 1718 – 1799
1.– voir la fable de Florian : L’Aveugle et le Paralytique