Léon Chabuel Oback
Poète et fabuliste contemporain – Le babouin raisonneur
Un singe pourtant enchaîné
Folâtrait comme un satané
Devant la porte d’une ferme.
Tel un irresponsable que rien ne concerne,
Un âne vint stationner près de lui,
Le regarda de son air imprécis.
Il devait ruminer devant la créature,
Dans sa tête et non selon sa nature :
« Au juste quel est ce bonhomme agité ?
Serait-ce un oiseau mal emplumé ? »
Considérant aussi cette bête, le singe
Sentit en lui s’irriter les méninges.
Il se dégoûtait justement
De voir l’âne qu’il connaissait tant,
Et suivant l’opinion générale,
Comme le plus vil de l’espèce animale.
« Hé quoi ! cria-t-il, qui voit-on ?
N’est-ce pas toi baudet, si pauvre de renom ?
Indigne personnage !
Tu figures comme une image
Qui ne possède jamais talent
Depuis que sous le ciel la terre va tournant !
De ta race comme de ta famille,
Tu déshonores tout labeur utile. A te voir pourtant,
Chacun t’estimerait bien grand.
Or le monde entier te raille :
Tu portes vainement la taille
Et sembles toujours ne pas le savoir.
Serais-tu mort, ton corps restant à se mouvoir ?
Puisque tu t’es plu dans cette inconscience,
Tiens l’humiliation en conséquence !… »
Beaucoup davantage il en avait dit.
Mais tout son langage se traduit :
Il y en a, des gens qui de leur masse
Uniquement encombrent l’espace !
Léon Chabuel Oback
(Fables universelles, Livre III)
- Editions Edilivre
- Livre de fables de Léon Chabuel Oback
- Léon Chabuel Oback, fabuliste contemporain