La mer, un jour, avait jeté
Sur le sable de son rivage,
Auprès d’un brillant coquillage,
L’huître grisâtre et sans beauté.
— Qu’as-tu donc fait à la nature,
Lui dit le premier en raillant,
Qu’elle te fit en t’habillant
Une si laide créature?…
Tandis que moi, doré, vermeil,
Elle a sur ma riche coquille
Répandu la nacre qui brille
De tous les rayons du soleil. —
L’huître, d’un naturel timide,
A ces mots ne répondit pas;
Mais elle souhaita tout bas
D’être au fond de la plaine humide.
Un pêcheur qui passait par là
Mit fin à ce vain bavardage,
Et, sans façon, du coquillage
Prenant la chair, il l’avala.
Mais, en ouvrant l’huître commune,
Combien ses yeux furent surpris !
Une perle du plus grand prix
S’y cachait et fit sa fortune.
A tous les yeux de se montrer
Jamais la vertu ne s’efforce ;
Et sous une grossière écorce
On peut souvent la rencontrer.
“Le beau Coquillage et l’Huître”