Un jeune bélier valachien,
Superbe et fier dans son maintien,
Couvert d’une laine soyeuse,
En hiver, entrait dans Paris.
La saison était rigoureuse ;
Cependant, d’une humeur joyeuse,
Il admire tout ; mais, surpris
De se voir seul de son lainage,
Chien, bœuf, âne, tous étant ras,
Il pense que c’est mode, usage.
« Fi ! dit-il, j’ai l’air d’un ours gras ! »
Puis fait tondre sa belle laine,
Qui le chauffe et lui sied si bien.
Cependant, l’orgueilleux à peine
Est-il nu comme un Parisien,
Qu’il gèle, grelotte et frissonne.
« Cette Leçon, dit-il, est bonne ;
Mais, pour l’honneur, n’en disons rien. »
Désir de plaire,
Ô doux penser !
Sans peine au nécessaire
Tu nous fais renoncer !
“Le Bélier”