Catherine Thévenet
Poète – Fables contemporaines – Le Blaireau et le Goupil
Un Blaireau paresseux, défiant et solitaire,
Régnait sur un empire d’anciennes galeries.
De son museau rayé il n’était pas peu fier,
C’était un autocrate maître en topométrie.
Il souhaita un jour agrandir ses pénates
Afin de mieux loger blaireautins et blairelles ;
Il trouvait son logis telle une casemate
Et entreprit dès lors de manier la truelle.
Fouissant du terreau, du sable et des cailloux,
Il arriva enfin chez un propriétaire
Dont le terrain bientôt fut sens dessus dessous.
Mais le Blaireau déjà y voyait sa tanière,
Faite de corridors et d’infinis couloirs,
Où ses nombreux enfants vivraient en phalanstère,
Protégés par Vesta, dans un doux nonchaloir.
Ces lieux dorénavant seraient héréditaires !
Le maître de céans, alarmé par l’odeur
Des déjections jaunâtres et par les monticules,
Était désemparé et de méchante humeur
Et ignorait comment défier le noctambule.
Il essaya les pièges, le poison et le feu
Mais le Tesson toujours échappait à ses feintes :
« L’univers est à tous et même aux culs-terreux ;
Qu’on vienne me quérir dedans mon labyrinthe ! »
Il aurait dû bien plus mesurer ses paroles
Et n’aurait su mieux dire car il fut pris au mot :
Maître Goupil un jour investit son sous-sol
Et s’empara des lieux comme à Fort Alamo.
A malin malin et demi !
Foin d’un bien mal acquis !
Les griffes et les dents
Sont le fait d’impudents.
Le Blaireau stupéfié
S’en fut tout mortifié.
Catherine Thévenet
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