Le Bûcheron et Mercure, analyse de MNS Guillon – 1803.
- Le Bûcheron et Mercure.
(1) Et des vains ornemens l’effort ambitieux. Expression imitée d’Horace : Ambitiosa recidet ornementa. (Art. poét. v. 446)
(2) Un auteur gâte tout, quand il veut trop bien faire. L’auteur de l’Art poétique n’a point de vers dont l’expression mieux choisie présente un sens plus profond : C’est dans la même idée que l’on dit : Le mieux est ennemi du bien.
(3) Enfin si dans mes vers je ne plais et n’ instruis , etc. O La Fontaine ! écrivain charmant, homme excellent, unique; c’étoit bien lui qui possédoit éminemment l’art de plaire et de n’y penser pas, comme celui d’instruire en amusant.
(4) Tel est ce chétif animal. La Grenouille. (Voyez Liv. I. Fab. 3. )
(5) Le vice à la vertu, la sottise au bon sens. Les fables de La Fontaine sont « dans les mains d’un philosophe, un recueil précieux de morale ; dans les mains de l’homme du monde , c’est le tableau de la société. » ( Batteux. ),
(6) Une ample comédie en cent acteurs divers. «L’apologue est à proprement parler , le spectacle des enfans : et il ne diffère des autres que par la petitesse et la naïveté des acteurs. On ne voit point sur ce petit théâtre , ni les Alexandre , ni les César, mais la Mouche et la Fourmi qui jouent les hommes à leur manière et qui nous donnent une comédie plus pure, et peut-être plus instructive que ces auteurs à figure humaine, « ( Baiteux, Princip. de la littérat, T. I. p. 214. ) Ce vers heureux se trouve ainsi commenté par un fabuliste moderne:
Toute fable est un petit drame ;
Et l’auteur à son gré réclame
Le droit d’être décorateur,
De choisir la scène et l’acteur,
Son théâtre c’est la nature,
Il donne à tout et la vie et la voix.
Rich. Martelli. FabL. nouv. Epit. dédic.
(7) Celui qui porte de sa part aux belles, la parole. Mercure, le messager des dieux, un dieu lui-même, attaché plus particulièrement au service de Jupiter, et l’entremetteur de ses impudiques amours. De-là, en françois, être le mercure galant de quelqu’un, c’est en porter les messages d’amour.
(8) Gagne-pain. On désignoit autrefois sous ce nom une sorte d’épée propre aux combats des tournois. Témoins ces vers du Pèlerinage du monde, par Guigneville :
Dont i est gaigne-pains nommée,
Car par li est gaigniés li pains.
Depuis on a étendu ce mot à tout ce qui nourrit son homme.
(9) Lors une d’or. C’est-à-dire, à manche d’or, comme plus bas : enfin une de bois.
(10) Boquillons. Apprentifs Bûcherons. Du mot bocage, bois, Bûcheron. L’éditeur des poésies de Thibault , comte de Cham pagne , le lait venir de bos on bo , bois. (T. II. p. 206).