Marie-Nicolas-Silvestre Guillon
Théologien, prêtre – Commentaires sur la fable
Marie-Nicolas-Silvestre Guillon , prélat, théologien, prêtre, professeur et humaniste français, né à Paris, le 31 décembre 1759, mort à Montfermeil, le 16 octobre 1847.
Il commença ses études au collège du Plessis, et les termina au collège Louis-le-Grand, où il eut pour condisciples Robespierre et le cardinal de Cheverus. Guillon , après avoir prit des cours de médecine, de sciences naturelles, et de sciences exactes, il fut nommé agrégé de rhétorique à l’université en 1789. La même année il entra dans les ordres. Il s’était fait connaître par quelques publications, quand l’archevêque de Paris, de Juigné, le plaça premier élève dans l’établissement fondé par lui en faveur des aspirants a la chaire. Le jeune abbé se livra avec succès à la prédication.
* Après, Chamfort en 1796, il rédigea les “Observations diverses sur les fables de La Fontaine, en 1803“.
Fables analysées , ou analyses littéraires de MNS Guillon, 1803
- La Cigale et la Fourmi
- Les deux Pigeons
- Le Corbeau et le Renard
- La Grenouille qui veut se faire…
- La Grenouille et le Rat
- Le Loup et le Chien
- La Besace
- L’Hirondelle et les petits Oiseaux
- La Colombe et la Fourmi
- Le Loup et l’Agneau
- L’Homme et son Image
- Simonide préservé par les Dieux
- La Mort et le Bûcheron
- Le Renard et la Cigogne
- L’Aigle et l’Escarbot
- Le Corbeau voulant imiter l’Aigle
- Testament expliqué par Ésope
- Le Loup devenu Berger
- L’Aigle, la Laie, et la Chatte
- Le Chat et le Vieux Rat
- Le Meunier, son Fils, et l’Âne
- Le Pouvoir des Fables
- Le Savetier et le Financier
- Un animal dans la Lune
- L’Homme qui court après la fortune…
- La Laitière et le Pot au lait
- Le Lion, le Loup et le Renard
- Le Chartier embourbé
- Les Vautours et les Pigeons
- La vieille et les deux servantes
- Le Coq et le Renard
- La Lice et sa compagne
- La jeune veuve
- Le philosophe de Scythe
Sur les fables de Jean de la Fontaine :
J’offre aux admirateurs de La Fontaine, par conséquent à tous les âges et à toutes les conditions, un Ouvrage qui m’aurait épargné bien des recherches et procuré de douces jouissances, s’il eût été fait avant moi.

Corneille, Racine, Despréaux, Molière, Malherbe lui-même, ont eu leurs Commentateurs ; comment se fait-il que La Fontaine n’en ait pas eu ? C’est le seul hommage qui ait manqué à la mémoire de cet aimable écrivain, qui embellit la langue par ses négligences mêmes, et la perfectionna par ses chefs-d’œuvre. Il est vrai que M. Coste avait publié, sous le nom de Commentaire des Fables de la Fontaine, quelques notes éparses çà et là dans son édition, devenue classique. Futiles pour la plupart, sans intérêt comme sans goût, elles ne peuvent rien apprendre, ni à l’enfance que le genre de l’Apologue introduit dans un monde si différent de celui qu’elle va habiter, ni au jeune homme qui aime à se rendre compte du charme attaché à la lecture de La Fontaine, ni à l’étranger curieux d’étudier notre langue dans un de ses plus précieux monuments, ni à l’homme-de-lettres jaloux de pénétrer le secret de son génie, et de justifier, par des comparaisons entre les divers Fabulistes, les titres de sa supériorité. C’est pour suppléer à ce défaut, que, durant les années 1791 et 1792, nous employâmes à la composition de notre Commentaire, les loisirs que nous laissaient des études plus graves, et les fonctions importantes auxquelles nous étions attachés. Les événements qui ont marqué le cours de ces mémorables années, suspendirent l’impression de cet Ouvrage ; mais il était complètement achevé ; il avait été soumis à l’examen de divers Littérateurs, lorsque l’on publia , en 1796, le Commentaire de Champfort sur les mêmes Fables. Quelque estime que l’on doive au travail de cet Académicien, nous avons cru que notre Ouvrage pouvait être encore utile, même après le sien ; et c’est dans cette confiance que j’ose le livrer au public. Voici l’ordre auquel nous nous sommes attachés dans toute la suite de cette édition. En tête de chaque Fable, et immédiatement après, vient une indication sommaire des Écrivains et des Ouvrages, où le même sujet est traité, soit avant, soit depuis La Fontaine, ce qui établit en quelque sorte l’histoire universelle de l’Apologue , depuis sa naissance et chez tous les peuples comme dans toutes les langues, jusqu’à notre immortel La Fontaine, jusqu’à nos jours; travail immense, tout entier en résultats, qui mettant le Fabuliste français au centre des imitations qu’il a faites, et des imitations qu’il a fournies, le montre toujours admirable, toujours unique, soit qu’il emprunte sa lumière, soit qu’il la communique aux Écrivains venus après lui. De courtes notes d’Histoire-Naturelle, apprennent aux enfants, ou rappellent à ceux qui ne le sont plus, les principaux traits dont se compose le caractère physique ou conventionnel des personnages qui paraissent sur la scène de l’Apologue. Sous le titre d’Observations diverses, notes de grammaire, de goût et d’érudition.
Notes :
1°. Notes de grammaire. La Fontaine ne ressemble à personne : la langue est pour lui un pays de conquête. Où trouver un cours de grammaire à la fois plus utile et plus agréable, que dans les ouvrages d’un homme qui sut embellir sa langue de toutes les grâces de la nature, de tous les charmes de la plus riante imagination; et qui, marquant ses imperfections mêmes du sceau de son génie, a trouvé le secret d’en faire un genre de beautés qui n’appartiennent qu’à lui ?
2°. Notes de goût et de critique, sur le modèle des observations que l’abbé Batteux a faites sur quatre seulement des chefs-d’œuvre de notre fabuliste. Ici c’est le plan du célèbre Auteur des Principes de Littérature, mais plus développé, mais étendu à tous les Apologues; c’est un grand tableau substitué à une esquisse, c’est une vaste galerie à la place de quelques dessins.
3°. Notes d’érudition. La Fontaine s’était pénétré de la lecture des Anciens et de nos vieux Auteurs. Il avait recueilli dans sa personne ce que le poète J. B. Rousseau désigne ( dans son Epître à Chaulieu ) par
Ce bon esprit gaulois,
Que le gentil maître françois (Rabelais)
Appelle Pantagruélisme.
Nous rappelons les sources où il a puisé ; nous exposons ce qu’il doit à l’étude, à l’art, comme ce qu’il doit à la nature ; nous le comparons avec les Écrivains qu’il reconnaissait pour ses maîtres dans l’art de penser et d’écrire. Au lieu d’une vie particulière de La Fontaine, qui se trouve par-tout, nous avons placé en tête de cet Ouvrage, l’éloge du Fabuliste, par M. de la Harpe , que nous avons préféré à celui de Champfort, comme étant plus historique, et offrant par-là un cadre naturel aux notes, où nous rassemblons, d’après d’Olivet, Bonnegarde, Montenaut, Naigeon, ce qui a été publié sur la personne et le talent de La Fontaine. (Abbé Guillon et les fables)
Marie-Nicolas-Silvestre Guillon
- La Fontaine et tous les fabulistes ou La Fontaine comparé avec ses modèles et ses imitateurs par M.N.S. Guillon – Paris 1803.