Un Chacal prit un Coq enseveli dans le sommeil ; celui-ci se mit à pousser des cris en disant : « Je suis l’ami de ceux qui font leur cour à l’aurore, et je réveille les dormeurs ; faites-moi grâce, je vous prie, abstenez-vous de verser le sang d’un innocent. Pourquoi me faites-vous la guerre sans le plus léger grief, je ne vous ai jamais fait aucun mal. » Je n’ai pas de bonnes raisons pour t’ôter la vie, répondit le Chacal, mais je n’ai pas envie de renoncer à mon entreprise ; personne ne m’a conseillé, c’est moi-même qui t’ai choisi. Je ne puis te faire ici d’autre grâce que de te tuer d’un seul coup ou de te manger morceau à morceau : tu n’as qu’à dire ce qui te plaira davantage.
Emploie la précaution et la prudence pour écarter les malheurs loin de toi. Mais si un homme mal intentionné et méchant fond sur toi, ne crois pas te sauver par les supplications ; au contraire ; il n’en deviendra que plus audacieux à commettre le crime.
“Le Chacal et le Coq”