Djami ou Djamy
Poète Perse et fabuliste moyen-âge
Djami, ou Djamy, poète soufi très célèbre dès le XVIe siècle en Perse, le Pétrarque des Persans, naquit à Djam, village du district de Kherdjerd, en Khoraçan, le 18 août 1414 et mort le 19 novembre 1492 à Hérat.
C’est de là qu’il prit le surnom sous lequel il est connu : son nom propre était Abd al-Raḥmān ibn Aḥmad Nūr al-Dīn Ǧāmī.
FABLES¹
- Le Loup et le Renard
- La Tortue et le Scorpion
- La Fourmi
- Le Chameau
- Le Chien et le morceau de pain
- Le Rat et l’Épicier
- Le Chien et le renard
- Le Chien
- La Grenouille et le Poisson
- Le Taureau
- Le Jeune Renard
- Le Moineau
- Le Frelon
- Le Chameau et l’Âne
- La Colombe
- Le Chameau et le Buisson
- Le Paon, la Corneille et la Tortue
- La Fourmi et le Moineau
- Le Renard et la Hyène
- Le Chacal et le Coq
Anecdotes et maximes de Djami
Un aveugle portant une lampe dans sa main et une cruche sur ses épaules, cheminait pendant la nuit. Un étourdi vint à sa rencontre et lui dit : Insensé ! la nuit et le jour sont pour toi deux choses semblables, et la clarté et les ténèbres sont égales à tes yeux : dis moi de quelle utilité te peut être cette lampe ? L’aveugle se prît à rire, et dit : Cette lampe n’est pas pour mon usage ; je ne la porte qu’afin d’avertir tous ceux qui ont comme toi une âme aveugle et sans entendement, de ne point me heurter et faire tomber ma cruche.
- Deux beaux esprits raisonnaient sur l’amour. L’amour, dit l’un, n’engendre que des malheurs et des peines, et celui qui l’éprouve traîne une vie remplie d’amertume.— Tais-toi, reprit l’autre avec vivacité, il paraît que tu n’as jamais goûté le charme de la réconciliation après une querelle, et que tu n’as point savouré les délices des caresses après une séparation douloureuse; apprends qu’il n’y a rien au monde de plus délicat ni de plus séduisant que ces cœurs nobles et purs que l’amour pénètre de ses flammes, et qu’il n’est rien, au contraire, de plus grossier et de plus méprisable que ces âmes épaisses qui demeurent étrangères à ses douces émotions.
- Un derwisch était en grande faveur auprès d’un puissant monarque et vivait familièrement avec lui. Un jour il s’aperçut qu’il lui était devenu incommode ; après avoir longtemps cherché la cause de ce changement , il ne put l’attribuer qu’aux fréquentes visites qu’il lui rendait.
A l’instant même il renonce à la société du monarque et cesse tout-à-fait de le voir. Le monarque ayant rencontré un jour le derwisch sur son passage, il lui adressa ainsi la parole : Ô derwisch, pour quelle raison as-tu rompu avec moi, et pourquoi as-tu cessé de venir me voir ? Parce que, répondit aussitôt le derwisch, j’aime mieux qu’on me dise : Pourquoi n’es-tu pas venu ? que : Pourquoi es-tu venu ?
- Il est plus facile de déraciner une montagne avec la pointe d’une aiguille que d’arracher l’orgueil du cœur de l’homme. Ne te vante pas d’être sans orgueil, car l’orgueil est plus caché au fond des cœurs et plus imperceptible aux yeux, que la marche d’une fourmi sur une pierre noire, pendant une nuit ténébreuse.
- Trois choses sont affreuses à voir dans trois personnes : la cruauté dans un roi, l’amour des richesses dans un savant, et l’avarice dans un riche.
¹Louis Mathieu Langlès, Contes, Fables, et Sentences, 1808