Apologue imité du Persan.
Dans la niche d’une pagode ,
Certain rat s’était retiré :
Dans cet asile honorable et commode ,
Son salut semblait assuré.
Du haut de sa toute-puissance ,
Il insultait les chats , qu’il voyait à ses pieds
Chercher leur subsistance.
En vain de son orgueil ils étaient indignés :
La sainteté du lieu retenait leur vengeance.
Un jour il fit du vent. Voilà l’idole à bas ,
Voilà le rat dans la poussière. ,
Le plus vindicatif des chats
S’élance de son galetas,
Et, sans respect pour sa grandeur première ,
Jette Une griffe meurtrière
Sur notre ci-devant.— « Quand vous étiez là-haut ».
Lui dit-il avec ironie , »
Vous eussiez dû, Seigneur, par quelque modestie,
Chercher à désarmer l’envie :
Avec moins de péril vous auriez fait le saut.
Que la fortune est inégale!
Et combien de périls suivent l’ambition !
Puis, terminant là sa morale ,
Il l’avale
Pour prouver son assertion.
Bien n’est stable parmi les hommes.
Un tour de roue, hélas ! et c’en est fait de nous.
Il est beaucoup de rats dans le siècle où nous sommes.
Parvenus, prenez garde à vous !
“Le Chat, le Rat et l’Idole”