Christian Collin
Fabuliste contemporain – Le chaton et le souriceau
Ô qu’il était mignon le petit chat persan,
Avec ses jolis yeux et sa belle fourrure !
Son maître était Louis, un ancien artisan,
Qui tenait à Paris, un salon de coiffure.
C’était un beau chaton, joueur et dégourdi,
Bien nourri, dorloté, heureux d’être sur terre,
Il était baptisé du nom de Bigoudi,
On a compris ce choix, ce n’est point un mystère.
Profitant du beau temps, musant dans le jardin,
A l’ombre d’un bosquet, il fit une rencontre,
Un gentil souriceau qui pour notre gandin,
N’était qu’un animal, sans rien à son encontre.
-Comment t’appelles-tu, je te vois apeuré ?
Le muridé tremblait, sa peur était panique.
-Je dois craindre le chat, notre ennemi juré,
Maman m’a prévenu, c’est dans la génétique.
-Ne crois pas les anciens, ils recherchent les maux,
Et pour quelle raison te ferais-je la chasse ?
A la belle saison les petits animaux,
S’amusaient gentiment, parfois sur la terrasse.
Puis l’hiver est venu, la souris se terrait,
Quand revint le printemps, elle était grande et grasse,
Quant au felis catus, sa race il arborait,
Gracieux et puissant, il avait de la classe.
Mais un jour la souris montrant le bout du nez,
Bigoudi le félin oublia sa promesse,
Retrouvant son instinct transmis par ses aînés,
Il bondit et d’un coup trucida la pauvresse.
Ils s’estimaient égaux lorsqu’ils étaient enfants,
Loin des a priori de leur proche entourage,
Adultes devenus, ils sont moins tolérants,
L’amitié juvénile est sujette au naufrage.
Christian Collin
Christian Collin, blog “Fables, contes et récits“.