A Mr. AR….T.
Quoique frappé par le tonnerre ,
Un arbre conservait toute sa majesté ;
Jusques dans les rameaux qui penchaient vers la terre,
J’admirais sa maie beauté .
Aux vents qui balancent sa tête
Il résiste depuis long-tems ;
Il voit sans s’étonner le courroux des autans,
Et les fureurs de la tempête.
Sous son ombrage immense avec joie on s’arrête ;
On y retrouve en été le printems :
Enfin quand Jupiter s’apprête
À lancer ses foudres vengeurs ,
Il sert d’asile aux voyageurs,
J’admirais cet arbre en silence ;
Je l’admirais et l’admirais encor !…
Soudain quelqu’un vers moi s’avance,
En me disant d’une voix de Stentor :
Que fais-tu là, pourrais-tu me le dire ?
Depuis une heure as-tu fais; un seul pas ?
Tu parais frappe de délire.
— Ce que je fais? ne le voyez-vous pas?
J’admire ce bel arbre.— Ah! permets-moi d’en rire ;
Je devine : les champs ont pour toi mille appas.
Ah ! c’est divin, c’est adorable;
Mais que trouves-tu d’admirable
Dans cet arbre? re’ponds, par quel charme secret…..
—Votre propos, monsieur, est au moins indiscret;
Mais je vais vous répondre, et sans cérémonie.
Cet arbre, l’ornement de toute la forêt,
Est le symbole du génie ;
De nuages en vain il est enveloppé,
Le tems a respecte’ sa tête vénérable :
Envain la foudre l’a frappé,
Il est toujours inébranlable.
Dans ce chêne, battu par les vents en courroux,
Chacun vous reconnaît, AR,…T, excepte vous.
“Le Chêne frappé par la Foudre”