Un numide naissant, mais déjà plein d’audace,
Essayoit ses talens, pressait les flancs poudreux
D’un coursier vigoureux.
Le brillant étalon se prêtant à ses jeux,
D’un air content, gambadoit avec grâce ;
Car fort, il étoit généreux.
Un vieux taureau couché sur l’herbe,
Et là ruminant sourdement,
Laisse échapper un long mugissement,
Et dit : le voilà donc cet animal superbe
Que l’on nous prône tant !
L’homme a beau te nommer sa plus noble conquête :
Réponds, en es-tu moins le jouet d’un enfant,
Qui selon son caprice, ou te pousse, ou t’arrête,
Veut, ne veut pas , prescrit, défend,
Te mène enfin à la baguette ?
Ah ! si quelqu’un de ces marmots,
Soit par adresse ou par supercherie,
Venoit à sauter sur mon dos,
D’une chute, à rompre ses os,
Tu verrois aussitôt son audace punie.
Mené par un enfant ! grands Dieux !
Non, tu n’as pas de caractère !…
D’un regard de pitié fixant ce furieux ;
« Eh ! oui, dit le coursier, exploit bien glorieux
Que jeter un enfant par terre! »
“Le Cheval et le Taureau “