Joseph Barthélemy de Feraudy
Trois gros chiens entouraient un bon feu de cuisine ;
C’était dans la saison où règnent les frimas.
Nos gaillards, bien dodus et de très-bonne mine,
Ronflaient en attendant le moment du repas.
Un quatrième arrive ; il est dans l’embarras ;
Car autour du foyer il n’était plus de place.
L’animal, mécontent, fait d’abord la grimace ;
Puis ayant ruminé certain expédient,
Vers la porte on le vit s’élancer brusquement ;
Il jappe avec fureur ; les chiens prêtent l’oreille,
Et se lèvent au bruit d’une alerte pareille.
Mais tandis qu’à leur tour ils s’en vont aboyer,
Le matois aussitôt prend sa place au foyer.
Chez les hommes on voit de pareils tours d’adresse :
Ainsi que notre chien, et surtout aujourd’hui,
Messieurs les aigrefins, gens sans délicatesse,
Savent bien se placer au détriment d’autrui.
Joseph Barthélemy de Feraudy