Un chasseur, furieux de n’avoir pu rien prendre
(C’était un maladroit et, de plus, un vaurien),
Accusa lâchement son chien,
Et résolut, sans rien entendre,
De s’en débarrasser en le jetant à l’eau.
Après l’avoir battu, d’une corde il l’enchaîne,
Et, tout pantelant, il l’entraîne
Jusqu’au bord escarpé d’un rapide ruisseau ;
Mais le chien faisant résistance,
Il faut user de violence
Pour arriver à l’y pousser ;
Et, son pied venant à glisser,
Il le suit jusqu’à la rivière.
Il ne sait point nager, et va donc y périr,
Si nul ne vient le secourir ;
Mais le pauvre barbet, qui n’a point de colère,
Lui rendra le bien pour le mal :
Sans hésiter, il le suit à la nage,
L’atteint et le saisit, puis le mène au rivage…
— Vraiment ! me dites-vous, c’est un noble animal,
Et sa conduite est impayable !
De l’applaudir, ami, pourquoi tant vous hâter ?
Vous sentez-vous donc peu capable,
En pareil cas, de l’imiter ?
“Le Chien bienfaisant”