Un malheureux coursier, qui reçut une entaille
Dans un combat, languissait sur la paille.
Nul suppôt de la faculté
Ne Fallait voir. Sur sa blessure
Point d’appareil ! toutefois la nature,
Je ne sais trop comment, lui rendit la santé.
Le premier jour de sa convalescence,
Un de ces chiens, vrais croque-morts
Qui s’en vont chercher leur pitance…
Où?.. (pardon si le mot blesse la bienséance)
À la voirie, en bravant tout remords ;
Un de ces chiens donc se présente
Chez le malade : « Au gré de mon attente,
Lui dit-il d’un ton patelin,
« Vous rétablissez-vous enfin?
« Les forces se réparent-elles?
« Je tremblais pour vous, mon cousin. »
— « Nous parents ! j’en reçois les premières nouvelles ;
« Mais soit ! cousin, répondit le cheval,
« Je ne me porte pas très-mal,
« Et même beaucoup mieux, je gage,
« Qu’il ne vous conviendrait. Là, parlons sans courroux ;
« Mon cher cousin, qu’en pensez-vous ? »
Sans en attendre davantage,
Le chien quitta notre coursier.
Lecteur, ce chien vous retrace l’image
De plus d’un avide héritier.
NOTE : Cette fable est imitée du père Desbillons, jésuite, qui naquit à Châteauneuf-sur-Cher, dans le Berry, le 25 janvier 1711, et mourut à Manheim, le 19 mars 1789, après avoir publié, je crois, plus de 500 fables en vers latins. Elles ont obtenu du succès, particulièrement dans les collèges ; mais on pourrait leur reprocher de la sécheresse, de la monotonie et des moralités souvent forcées. Un choix de ces apologues, avec la traduction française en regard, a été donné au public par l’auteur même, en deux volumes in-18 , plusieurs fois réimprimés.”Le Chien et le Cheval”
- Goswin Joseph Augustin, baron de Stassart, 1780 – 1854