Que j aime à voir de tout hargneux,
Querelleur, batailleur fâcheux,
Quoiqu adversaire vigoureux
Modérer les goûts belliqueux!
Certain roquet des plus hargneux,
Taquin, mutin, d’un naturel fâcheux,
De ses pareils c’est assez l’ordinaire,
Avec les autres chiens toujours était en guerre,
Toujours après chacun aboyant, ou mordant.
Passe un jour un mâtin de taille
A ne craindre d’aucun, quel qu’il fût, griffe ou dent :
Notre taquin court lui livrer bataille.
D’un coup de gueule, à plat, l’autre aussitôt l’étend ;
Puis passe son chemin, laissant le pauvre hère,
Éclopé, moulu, tout saignant,
Et comme mon roquet s’en allait en hurlant :
« C’est bien fait, lui dit-on, monsieur le téméraire,
La leçon sans doute est sévère,
Mais ce châtiment t’était dû.
Veux-tu même éviter quelqu’atteinte nouvelle,
Cesse alors de chercher aux autres chiens querelle,
Et ne sois plus battant de peur d’être battu. »
Heureux s’il en fut ainsi quitte,
S’il sut user de la leçon !
A d’autres pour qu elle profite,
La voici d’une autre façon.
“Le Chien hargneux”
- Joseph Hüe – 1800 – 1836
