Le Chien, le Lapin, et le Chasseur par Napoléon Bonaparte
Napoléon Bonaparte, Empereur français
Napoléon Bonaparte, né à Ajaccio (France) le 15 Août 1769 ; Mort à Sainte-Hélène -Territoire britannique d’outre-mer- le 05 Mai 1821.
la fable de Napoléon. “Il y avait, en 1782, au collège de Brienne, un jeune homme de quinze ans, qui faisait des vers, des vers fort médiocres disait-on. Une fable que possède en manuscrit M. le comte de Weimars, qui la regarde, à juste litre, comme une des pièces les plus précieuses de son précieux cabinet. — Il est vrai que cet écolier n’est autre que Napoléon Bonaparte.”
Le Chien, le Lapin, et le Chasseur. (fable de Napoléon)
César, chien d’arrêt renommé,
Mais trop enflé de son mérite,
Tenait arrêté dans son gîte
Un malheureux lapin de peur inanimé.
Rends-toi, lui cria-t-il d’une voix de tonnerre,
Qui fit au loin trembler les peuplades des bois.
Je suis César, connu par ses exploits,
Et dont le nom remplit toute la terre.
A ce grand nom, Jeannot lapin
Recommandant à Dieu son âme pénitente
Demande d’une voix tremblante :
Très sérénissime mâtin,
Si je me rends, quel sera mon destin ?
—Tu mourras.—Je mourrai ! dit la bête innocente,
Et si je fuis ?—Ton trépas est certain.
— Quoi ! reprit l’animal qui se nourrit de thym,
Des deux côtés je dois perdre la vie ?
Que votre illustre seigneurie
Veuille me pardonner, puisqu’il faut mourir,
Si j’ose tenter de m’enfuir.
— Il dit et fuit, en héros de garenne.
Caton l’aurait blâmé : Je dis qu’il n’eut pas tort,
Car le chasseur le voit à peine
Qu’il l’ajuste, le tire,… et le chien tombe mort !
Que dirait de ceci notre bon La Fontaine ?
Aide-toi, le ciel t’aidera.
J’approuve fort cette morale-là.
- Bibliothèque du Comte de Weimars. Les Bonaparte et leurs œuvres littéraires Essai historique. Joseph-Marie Quérard Publié 1845 F. Daguin
Napoléon et la fable d’Esope.
… Napoléon, voulant apprendre l’anglais, se procura quelques livres en cette langue, entre autres les Fables d’Ésope.
Dans l’une d’elles, on voit le lion malade supporter avec courage les insultes de nombreux animaux qui viennent railler sa puissance déchue ; enfin il lui faut recevoir en pleine face le coup de pied de l’âne. « J’aurai pu supporter n’importe quoi », dit le lion. Napoléon disait, en montrant la gravure sur bois, qui était en tête de la fable : « C’est moi et votre gouverneur. »
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Napoléon à Sainte-Hélène – Souvenir de Betzy Balcombe. Traduction annotée et précédée d’une Introduction Par Léonce GRASILIER – Paris 1898… Napoléon, qui avait fait des fables, était assez sévère pour La Fontaine : « Il condamnait, dit M. de Las-Cases, qu’on donnât La Fontaine aux enfants, qui ne pouvaient l’entendre. Il trouvait qu’il y avait beaucoup trop d’ironie dans la fable du Loup et de l’agneau pour être à la portée des enfants. Elle pêchait d’ailleurs, à son avis, dans son principe et sa morale. Il était faux, disait-il, que la raison du plus fort fût la meilleure ; et si cela arrivait en effet, c’était là le mal, l’abus qu’il s’agissait de condamner : le loup eût donc dû s’étrangler en croquant l’agneau.» …