Le chien, avec un coq, entreprît un voyage ,
D’abord, dans on même arbre ils passèrent la nuit
Le coq monta sur le plus haut branchage ;
Le chien, dans le tronc creux, établit son réduit.
Dès le matin, le coq fit son ramage ;
Aussitôt un renard, de bonne heure éveillé,
Vint à lui, le pria de vouloir bien descendre,
Disant que de son chant, surpris, émerveillé,
Plus longuement il ne pouvait attendre ,
Qu’il voulait embrasser l’aimable musicien
Qui venait de chanter, et de chanter si bien.
Le coq, qui reconnut sa louange traîtresse,
Lui dit, avec la même adresse :
Je n’ai pas de plus grand désir
Que de voua donner du plaisir ;
Mais, si vous voulez que je sorte ,
Il faut éveiller le portier,
Afin qu’il nous ouvre la porte ;
Oserais-je vous en prier ?
Le chien, au premier coup, sortit de sa demeure ;
malheureux renard pensa mourir de peur ;
Il fuit , le chien le prit et l’étrangla sur l’heure.
C’est le vrai droit du jeu de tromper le trompeur.
“Le Chien, le Coq et le Renard”