Les oiseaux réunis tenaient un jour conseil.
Du bavardage sans pareil
De la linotte et de la pie
L’assemblée était étourdie.
Le dindon seul, se tenant à l’écart
Et gardant un prudent silence.
Sous un air réfléchi sut cacher avec art
Sa bêtise et son ignorance.
On aura peine à croire le dindon
Capable d’autant de raison ;
Mais un sot peut, parfois, montrer de la prudence.
A son maintien posé, chacun le prit
Pour un penseur profond, pour un oiseau d’esprit
Et d’un mérite peu vulgaire.
Notre imbécile, ainsi, trouva le sûr moyen
De se soustraire aux coups d’une censure amère.
Comme le dit un proverbe ancien :
» Le fou passe pour sage alors qu’il sait se taire. »
Le Conseil des Oiseaux
- Théodore Lorin, 18.. – 18..