Avec envie un noir corbeau voyant
Un cygne au beau corsage, au plumage éclatant,
D’une course à la fois gracieuse et rapide
Sur un canal se promenant,
S’imagina qu’à l’élément liquide
L’oiseau devait cet ensemble élégant
« Voyez, dit-il, la belle affaire
Que d’aller ainsi barbotant
En large, en long sur la rivière!
Eh ! parbleu ! faisons comme lui :
Bientôt on me verra par les ondes blanchi,
Comme lui, d’une allure altière
Voguer majestueusement. »
Disant ces mots, au milieu du courant
Il se précipita la tête la première.
Mais de nager n’ayant pas le talent,
Le téméraire, au lieu de l’avantage
De blanchir son obscur plumage,
Suffoqué par les flots n’y trouva que la mort.
« Hélas ! j’ai mérité mon sort,
Dit en mourant la pauvre créature,
Lorsque, dans mon aveuglement,
Je fis le projet imprudent
De lutter contre la nature. »
“Le Corbeau et le Cygne”
- Théodore Lorin, 18.. – 18..