Un corbeau vint se percher sur un arbre qui était sur le bord d’un étang. Là il aperçoit un cygne qui se promenait sur les eaux avec grâce ; son éclatante blancheur le surprit: « Que cet oiseau est beau , se dit-il f à lui-même, que son plumage est charmant ! J’avais jusqu’ici admiré le mien ; mais, je l’avoue malgré moi , celui du cygne est plus beau. Ne pourrais-je pas réparer les torts de la nature envers moi ? Voyons ; pourquoi le cygne est-il si blanc ? C’est qu’il est toujours dans l’eau. Si donc , je descendais dans ce lac, si je m’y lavais bien , je ne tarderais pas à voir briller sur moi toute la blancheur du cygne : essayons. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Voilà mon corbeau qui s’abat dans le lac; il se lave, mais il voit qu’il ne blanchit point; il se lave encore, mais l’eau appesantit ses ailes ; il ne peut plus s’élever dans les airs, ni sortir du lac : il s’y noie, en déplorant sa vanité insensée d’avoir aspiré à un don que la nature lui avait refusé.
Le Corbeau et le Cygne, par Pierre Allard, de Sion.