« Si tu voulais, mon ami, mon compère,
« Me souffrir un peu sur ton dos ,
Disait un jeune singe à certain dromadaire
Qui partageait sa gloire ainsi que ses travaux ;
« Ce serait charge bien légère,
« Et j’en arriverais plus frais et plus dispos. »
Le dromadaire est meilleur que personne ;
Il s’y prête sans hésiter,
Et maître Bertrand se cramponne
Si bien deçà, delà, qu’il parvient à monter.
Ensuite que fait-il? vraiment on le devine :
Dominé par son mauvais cœur,
Sans cesse il déchire et lutine
Son trop généreux bienfaiteur.
Celui-ci ne dît mot, mais enfin il se lasse,
Et de l’ingrat se débarrasse.
De la tête , à l’instant, l’odieux sapajou
S’en va donner contre un caillou,
Et le caillou la lui fracasse.
Hommes, vous imitez Bertrand!.
Si vous foulez aux pieds toute reconnaissance,
Un semblable sort vous attend :
L’ingratitude enfin lasse la bienfaisance.
“Le dromadaire et le Singe”