Un certain Four
Brûlait d’amour
Pour un certain Moulin
Qui le lui rendait bien.
Mais l’un sur le coteau,
L’autre au bord du ruisseau,
Une pareille idylle
S’annonçait difficile :
Mariez donc le barbeau
Avec le lapereau !
-Quitter le bord de l’eau
C’est perdre mon boulot.
Ecrivit le meunier
A son cher boulanger
Qui répondit tout feu :
-Si tu ne peux, je peux,
Je descendrai l’adret
Et je te rejoindrai.
Il prit ainsi la décision
D’abandonner
Ses fondations.
Chacun voulut l’en dissuader
Mais allez donc changer l’idée
De qui est mû par la passion !
Et c’est le mercredi des Cendres
Que cet amant trop passionné,
Ne voulant même pas attendre
Que se termine la fournée,
Que soit sorti le pain doré,
Que la braise devienne cendre,
Se mit en chemin pour descendre
Retrouver l’ami adoré.
Pour témoigner sa flamme
A l’élu de son âme
Il apportait en don
Un bouquet de brandons…
Mais la suite est tragique
Car, débouchant du champ
Surplombant l’être cher,
Il s’emmêle les briques,
Bute sur une pierre…
Et, trébuchant, s’affale,
Répandant vers l’aval
Son brasier rougeoyant.
Quel spectacle effrayant !
Ces tisons qui s’écrasent
Sur le Moulin de bois
Qui aussitôt s’embrase !
Pour le Four, quel effroi !!!
Bien qu’étant réfractaire
Résistant à la flamme
Le Four ne put rien faire
Pour empêcher le drame…
Et le Moulin chéri
Périt dans l’incendie.
A son Moulin,
Mieux vaut porter de l’eau
Plutôt qu’un brasero
Car, on le sait bien,
Qui trop embrase, mal éteint.
“Le Four et le Moulin”