Roulé près d’un fraisier et couvert de poussière,
Un très-petit brin de chiendent
A la plante, en ces mots, adressait sa prière: »
Je suis tout desséché par un soleil ardent.
Et vais demain peut-être achever ma carrière:
Prêtez à ma faiblesse une ombre hospitalière,
Et qu’une feuille, hélas! puisse au moins me cacher!
Cet accent plaintif sut toucher
Notre fraisier trop débonnaire.
Il accueille, il protège en père
Celui qui réclamait ses soins compatissants.
Le chiendent se ranime, et de ses filaments
Entrelace déjà la plante bienfaitrice ;
Et, plein des plus doux sentiments,
Il la serre, il l’embrasse, il croit sous son auspice,
Et se montre reconnaissant.
On aperçoit bientôt l’ennemi renaissant ;
Pour l’extirper comment s’y prendre?
Vainement le fraisier veut encore le défendre.
II est sacrifié ! … L’imprudent protecteur,
Ainsi que le chiendent, perdit aussi la vie.
Choisissons nos amis : mauvaise compagnie
Tôt ou tard nous porte malheur.
Explication morale :
Combien de jeunes gens doivent leur perte aux mauvaises connaissances qu’ils ont faites avec toute la légèreté de leur âge ! ils ne voient le péril où les entraîne un ami perfide , que quand il n’est plus temps de l’éviter. Soyez prudent et réservé dans vos liaisons, et surtout dans le choix d’un ami. Informe-toi du voisin, dit le sage, avant de prendre maison, et du compagnon avant de faire route. (Le Fraisier et le Chiendent)
“Le Fraisier et le Chiendent”