Guy le Ray
Poète et fabuliste contemporain – Le Geai, le Corbeau et la Pie
Sur un arbre se trouvèrent réunis
Un geai, un corbeau et une pie.
Profitant de ce moment unique,
Le geai se voulut patriotique.
Sans moi, dit-il au corbeau et à la pie,
Sans mon cri dans les bois retentissant,
Vous seriez tous mangés sûrement !
– Quelle prétention, s’exclama le corbeau,
Ne sais-tu pas que sur les arbres tout en haut,
Je me perche et j’y dors quand il est temps ?
– Et moi aussi, s’égosilla la pie,
Je sais me mettre à l’abri !
– Soit, répondit le geai aux volatiles,
Mais vous oubliez notre plus grand ennemi,
Celui qui dans la forêt se faufile
Armé de son bâton crachant le feu.
Dans les bois, il arrive silencieux
Et nous transperce d’une lieue.
Devant cette répartie,
Un grand silence se fit,
Pie et corbeau se trouvant tout penauds,
Car il est bien vrai
Que nul n’entre dans la forêt,
Sans être vu par le geai !
Ne voit-on pas de nos jours
Le chacun pour soi prédominer toujours ?
De se souvenir, n’est-il pas temps
Que des uns des autres nous sommes dépendants ?
Guy le Ray