Un Hérisson se plaignait fort :
M’aperçoit-on, à mon abord
Je vois le monde qui s’éloigne ;
Enfin c’est à qui me témoigne
De la froideur,
De la frayeur.
Suis-je donc un lépreux immonde,
Pour faire peur à tout le monde !
Or, que peut-on me reprocher ?
Prudemment je me roule
En boule,
Dès que l’on prétend m’approcher.
Jamais je n’attaque personne ;
Je vis du grain que je moissonne,
De même qu’un bon villageois,
De châtaignes, de fruits, de noix.
La Souris lui dit, l’on s’abuse
Sur votre compte, je le crois.
Vous êtes bon, combien de fois
Sur l’apparence on nous accuse.
En vous voyant tout hérissé
Chacun vous croit très-courroucé.
En dépit de votre mérite,
Avec grand soin l’on vous évite.
Profitez de cette leçon,
Profitez-en, cher Hérisson.
Il ne suffit pas toujours d’être
Dans le fond, pacifique et bon ;
Il faut en outre le paraître.
“Le Hérisson et la Souris”