Voyez-vous ce jardin dont la bonne tenue
Par son ordre parfait charme d’abord la vue?
Une main diligente incessamment détruit
La plante parasite et toute herbe qui nuit.
Soutient la tige faible et bien souvent retranche
Et le rameau gourmand et la trop longue branche,
Donne un fréquent labour; et puis, quand vient le soir,
Notre bon jardinier, prenant son arrosoir ,
D’une main généreuse à chaque jeune plante
Verse en forme de pluie une onde bienfaisante.
Respirant la fraîcheur, l’air pur et le soleil,
Les légumes de choix, les fleurs, le fruit vermeil
Grossissent à souhait, et la terre fertile
Se couvre avec bonheur de toute plante utile.
Votre jeune âme, enfants, ressemble à ce jardin;
Il faut que tout d’abord une prudente main
Ôte la mauvaise herbe et fasse de la place
A la plante qui naît et qui manque d’espace.
La jeune plante alors, que ne gêne plus rien,
Prendra son libre essor et poussera très-bien,
Grâce au zèle éclairé d’un directeur habile
Qui soigne le bon plant et détruit l’inutile.
Notre âme est limitée, et, c’est un sort fatal
Qu’on ôte à la vertu tout ce qu’on donne au mal.
“Le Jardin bien tenu”