Un jeune aveugle allait sans guide
Et s’en trouvait fort mal ; en sa course timide,
Il se jetait dans l’eau, contre un objet massif,
Sur un passant inattentif.
Chacun le gourmandait : étrange promenade !
Quel sot ! quel bélître et demi !
L’illustre auteur de l’Iliade
Abandonnait sa main à la main d’un ami.
L’aveugle ne crut rien, courut à l’aventure,
Repoussa tout soin empressé,
Et, se dirigeant seul en cette nuit obscure,
Se laissa choir dans un fossé.
Jeunes gens sans expérience
Pourquoi tant de fatuité ?
Vous échappez à peine aux langes de l’enfance,
Et cependant votre ignorance
Égale en ses écarts votre témérité
Rappelez-vous que la jeunesse
Doit, avant d’agir ici-bas,
Consulter souvent la vieillesse.
Vous m’approuvez, vous dites : C’est sagesse.
Hélas, vous ne changerez pas !
“Le jeune Aveugle”