Joseph Barthélemy de Feraudy
Illusion, tu fais notre bonheur,
Et n’en déplaise à la philosophie,
Chez les humains ta séduisante erreur
Fait supporter le fardeau de la vie (1).
Un de ces habiles jongleurs,
Qui font merveilles sur merveilles,
D’une foule de spectateurs
Captivait à la fois les yeux et les oreilles.
Il savait si bien son métier,
Qu’on le prenait pour un sorcier ;
– Quand quelqu’un s’écria : Quoi ! cela vous étonne !
Je vais vous prouver à l’instant
Que ce qui vous paraît être si surprenant,
Ne devrait étonner personne.
Voilà donc que notre bavard
Croyant rendre service à la troupe ravie,
S’avise d’expliquer tous les secrets de l’art.
Dès-lors, adieu, sortilège et magie,
Qui de nos gens récréaient les loisirs ;
Et du docteur la perfide éloquence
Ayant détruit et prestige, et plaisirs,
Fit regretter à tous leur ignorance.
(1) La douce illusion, de ce monde enchanté
Console les ennuis de la réalité,
Et de songes flatteurs entremêle et varie
L’uniforme tableau des scènes de la vie.
– SAURIN.
Joseph Barthélemy de Feraudy