Un renardeau bien leste, un petit Annibal,
Digne espoir de son père et déjà son rival,
Par un beau soir, au clair de lune,
Sur les pas du vieillard alla chercher fortune.
Notre héros, au pied léger,
De son maître d’abord suit la marche discrète,
Puis s’écarte, revient, puis tout à coup se jette
A travers une haie, au milieu d’un verger.
Un objet emplumé qui brillait sur l’herbette
L’éblouit, il s’arrête, il triomphe en son cœur.
C’était là sûrement quelque tendre poulette
Qui s’était égarée… un peu tard par malheur.
« Quoi ! mon père, à son âge aurait fait cette école !
II a passé par là si je m’y connais bien….
Eh ! vraiment, oui, sur ma parole.
Mon bon père, aujourd’hui, regarde et ne voit rien.
Oh bien ! moi, j’y vois clair, et tandis qu’il assiège
Le poulailler peut-être et se croit bien subtil… »
A ces mots, il s’élance…, il est pris… « Dieux ! dit-il.
Je n’ai vu que l’appât ; il avait vu le piège ! »
“Le jeune Renard”