De tous les mots partis du cœur,
Au génie échappés sans y penser, sans peine,
En est-il un plus vrai, plus doux, plus enchanteur
Que celui-ci de La Fontaine ?
Comme il venait d’éprouver le malheur
De perdre une amie, une sœur,
Et même on peut dire une mère
Dans celle dont il peint si bien le caractère
Et dont il fut vingt ans, l’ami, le fablier,
Dans madame La Sablière.
Il allait donc, il allait, tout entier
Absorbé dans ses rêveries ;
Quand il rencontre aux Tuileries
D’Hervart, encore un vieil ami !
(Se saisissant la dextre l’un et l’autre,)
C’est vous, dit d’Hervart attendri,
Je suis charmé de vous trouver ici.
Ma femme et moi savons quelle peine est la vôtre.
Votre cœur a besoin de consolation,
Vous en trouverez dans le nôtre ;
Vous ne ferez que changer de maison ;
J’allais vous proposer de loger dans la mienne.
J’y allais, répond La Fontaine.
De ce sublime j’y allais,
Chauds spectateurs du romantique,
Froids partisans du vieux classique,
Que pensez-vous ? Qu’il soit latin, grec, ou français.
Ce mot, en quelle langue en dit-on un jamais
Plus naturel, plus pathétique !
“Le “J’y allais” de La Fontaine”