Dès le matin un lion a la chasse
Surprit dans le gîte un levraut,
Qui, se réveillant en sursaut,
Se trouva sous sa griffe, et lui demanda grâce.
Sire lion est, dit-on, généreux :
Mais ce n’est pas a jeun. Le lièvre malheureux,
En cette extrémité mettant tout en usage,
Remontre au roi des animaux
Qu’il appartient au seigneur du village.
« Tout en ces lieux, dit-il, lui rend hommage.
Voudriez-vous pour si peu que je vaux
Avec lui vous faire une affaire?
— Maraud, lui répliqua le lion en colère,
L’homme est maître céans, dis-tu ! Par quelle loi
Prend-il ce titre? il n’appartient qu’à moi.
Un chimérique orgueil le flatte,
Je le sais; mais j’en fais serment,
S’il tombe jamais sous ma patte,
Je le ferai dédire, assurément.
Pour toi ta bêtise est étrange,
Quand je te tiens, de croire m’échapper.
L’homme t’épargne-t-il, lorsqu’il peut t’attraper?
Eh ! que t’importe qui te mange ? »
“Le Lion et le Levraut”