Ferdinand Canu
Médecin, poète et fabuliste XVIIIº – Le loup et le faon
Par la faim réduit aux abois,
Un Loup battait en vain et les champs et les bois.
Bergers, comme animaux, faisaient tous bonne garde.
Enfin, un jeune Cerf fut surpris par mégarde,
Et tomba dans ses lacs. Voilà nos jeunes gens!
Ils daignent rarement croire à l’expérience ;
Et leur excès de confiance
Les fait souvent tomber aux pièges des méchants.
Mon étourdi faillit l’apprendre à ses dépens.
Déjà la victime étendue
Au glouton promettait un excellent repas,
Lorsque, jetant au loin son inquiète vue,
Il aperçoit bondir des moutons gros et gras.
Soudain, abandonnant sa proie à demi-morte,
Sur le peuple bêlant il courut s’élancer ;
Mais on vous l’accueillit d’une si bonne sorte,
Qu’il fut contraint d’y renoncer.
Messire Loup confus retourne à son aubaine,
Croyant bien se dédommager ;
Il se trompait : mon Faon, délivré du danger,
Avait fui sa dent inhumaine.
Profitez du moment, pour n’être pas déçus :
L’occasion qu’on perd ne se retrouve plus.
Ferdinand Canu