Pour brouter l’herbe tendre un imprudent agneau
S’était écarté du troupeau;
Un loup, qui le guettait, le saisit à la gorge,
L’emporte au milieu du taillis
Et malgré sa plainte l’égorge.
Il allait le manger; attiré par ses cris,
Un lion survient : — téméraire!
Qui te rend si hardi d’enfreindre mes arrêts? —
Dit-il, hérissé de colère.
— Ne sais-tu que dans ces forêts
J’ai défendu tout meurtre et toute violence?
Et tu déchires l’innocence!..
Laisse-là cet agneau; sinon, crains ma vengeance. —
Le loup soudain le laisse, et d’un air repentant
S’éloigne. Le lion s’en empare à l’instant,
Le mange bel et bien; mais c’est par convenance,
C’est pour ne pas laisser de traces du délit.
Tout en faisant les bons apôtres,
Combien de la faute des autres
Aiment à faire leur profit!
“Le Loup et le Lion”