Le repentir tardif est souvent illusoire.
Un Loup fut pris, ne sais comment,
Sur ce point là se tait l’histoire,
Dans un piège probablement,
Ou du moins nous pouvons le croire.
Un gros Fermier survint, et lui dit : maître Loup
Nous allons régler notre compte.
Quand Jeannot, notre berger, compte
Ses moutons, il en manque un, deux ; et le larron
C’est vous ; et vous allez périr sous mon bâton,
Ainsi qu’un voleur émérite
Le mérite.
Vous vous trompez, bonhomme, il fait ce soir
Si noir,
Que vous ne sauriez bien me voir :
Je suis un pauvre et vieux ermite,
Reprit le Loup, d’un ton de chatte-mitte,
Seul, à l’écart, en ce lieu je médite :
De tout dans ma jeunesse, après avoir usé,
Vieux, des terrestres biens je suis désabusé ;
Du premier jour de l’an, jusqu’à la saint Sylvestre,
Continua le vieux rusé,
Ma nourriture est fort sylvestre ;
J’ai pris en tel dégoût la chair,
Que je fuis quand l’odeur vient en infecter l’air.
Avant de me mentir, maudite Bête, cache
Le sang qui salit ta moustache.
Dit le Fermier, et d’un coup de bâton,
Il assomme notre Glouton.
Dans le danger, combien de conversions fausses ?
Les sincères nous les comptons ;
Les vieux loups tombés dans les fosses
Sont doux comme jeunes moutons.
“Le Loup se disant ermite”