Delaunay
Poète, fabuliste XVIIº – Le maître paulmier et son élève
Un maître de paulme en son art
Instruisait un jeune novice,
Très-agile à cet exercice,
Mais trop ardent; et le vieillard
Lui répétait toujours: Pour devenir habile,
Possédez-vous, soyez tranquille:
Jouer trop vivement, c’est jouer au hasard.
La balle d’elle-même au joueur vient se rendre ;
Pour la juger il faut l’attendre :
Qui veut la prévenir la perd le plus souvent.
Conseils que l’écolier ne pouvait pas comprendre :
Quand la balle volait, il courait au-devant;
Aussi manquait-il de la prendre.
Esprits impatients, voilà votre portrait:
Dans un projet, dans une affaire
Hâtez-vous: tout devient contraire;
Attendez : tout vient a souhait.
Delaunay
Notes sur la fable :
Le maître paulmier est le maître d’un jeu de paume. Ce jeu se joue de bien des manières, et consiste à recevoir une balle avec une raquette, un battoir ou quelquefois seulement avec la main. Le jeu de paume acquit une grande célébrité à Versailles, le 20 Juin 1789, où les députés du tiers-état, ayant trouvé le lieu de leurs séances fermé, réunirent dans la salle destinée au jeu de paume et y firent le serment de ne point se séparer sans avoir donné une constitution à la France. Cette réunion importante est connue dans l’histoire sous le nom de séance du jeu de paume.
Illustration jeu de paume : wikimedia.org/wikipedia/commons