Fi donc ! ah ! quelle horreur ! un époux à trois femmes,
C’est affreux, c’est indigne, ah ! calmez vous mesdames.
Je dois en convenir, oui, notre homme en eut trois,
Mais je ne vous dis pas qu’il les eut à la fois.
En vérité, pourquoi cette grande colère ?
Avant de vous fâcher, sachez au moins l’affaire.
Mais non., c’est bien ça l’homme, on s’emporte d’abord,
Puis on écoute ; après on rougit de son tort
Je n’insiste pas davantage,
Je viens an fait, c’est bien plus sage.
L’époux de cette histoire était un tatillon,
Bien digne, par ma foi, de porter cotillon.
D’ailleurs, bon homme au fond, mais d’humeur sans pareille,
N’aimant plus aujourd’hui ce qu’il aimait la veille.
Un être ainsi bâti, j’en conviens franchement,
Pour la femme surtout est un être assommant
Que doivent en ce cas, faire prudentes femmes ?
Eh ! beaucoup mieux que moi, vous le savez, mesdames.
Car vous avez le tact, l’esprit tellement fins,
Que vous pouvez toujours arriver à vos fins.
Cet homme déplaisant, malgré son caractère,
Trois femmes posséda, dont restait la dernière.
Les deux autres étaient dormant paisiblement
A l’ombre de cyprès, sous un beau monument.
Il ne fut pas heureux avec les deux premières,
Elles étaient, dit-on, trop roides, trop altières.
Des deux côtés ne voulant pas Céder d’un pas,
On vivait constamment en guerre.
La troisième suivit un chemin tout contraire,
Elle avait le talent dé céder à propos,
Et ne s’irritait pas pour le moindre propos.
Par son habileté, sa douceur, sa prudence,
Elle obtenait toujours parfaite obéissance.
Elle agissait si bien qu’elle savait, vraiment,
D’un détestable époux faire un mari charmant
Pour être heureux en ménage,
Je vous le dis en ami,
Mesdames, imitez la conduite si sage
De la femme dépeinte ici.
“Le Mari aux trois femmes”