Un hôpital se trouvait infecté
D’une cruelle épidémie :
Le Médecin en titre est en vain consulté ;
Il n’entend rien à cette maladie ;
Un autre docteur qui, jadis,
Avait été de ses amis,
Du mal possédait le remède :
Tout est sauvé, s’il l’appelle à son aide ;
Mais par malheur, de cet ancien ami,
Grâce à l’éclat d’une querelle
Que la rivalité rend assez naturelle,
Il était devenu le mortel ennemi.
Peut-il, dans cette circonstance,
Fournir à son heureux rival
L’occasion de montrer sa science ?
Plutôt à mille morts livrer tout l’hôpital.
Par des prétextes vains colorant sa conduite,
Pour guider ses travaux, il appelle à sa suite
Des plus vils charlatans le cortège assassin,
Dont les cruels essais, les lourdes incartades
Eurent, bientôt, sous l’œil de notre Médecin.
Aux sombres bords envoyé les malades :
Pas un n’échappe à son affreux destin.
La conscience en vain dit ce que l’on doit faire,
La haine, trop souvent, l’étouffe et la fait taire.
“Le Médecin”