Léon Chabuel Oback
Poète et fabuliste contemporain – Le merle naïf
Un joyeux merle un matin
Chanta largement,
Puis il dut faire trêve de sa joie :
Il eut grand-faim
Et devait maintenant
Trouver une proie.
La chance le servit promptement.
Vinrent deux insectes :
L ’ un juste sous le bec, qu ’ il n ’ avait qu ’ à saisir ;
L ’ autre agrippé du reste
À plus d ’ un coup d ’ ailes,
Attisant de même son désir.
Il crut raisonner en bon merle
Et il se dit :
« Avant celui-ci
Que si bonnement le ciel me destine,
Je m ’ en vais happer celui-là,
Sur la branche voisine ! »
Vrrtt ! Il s ’envola…
Mais l ’ insecte avait pressenti
Sur lui venir la pince ;
On ne sait comment il déguerpit.
L ’ autre alors perçoit malheur et grince :
« Ciel ! », et glisse en secret endroit.
Merle revint et resta pantois.
Je m ’ adresse à qui pour grimper estime
Qu ’ il va commencer par la cime.
Puis entendez que de deux profits,
D ’ abord le plus proche mieux garantit.
Léon Chabuel Oback
- Editions Edilivre
- Livre de fables de Léon Chabuel Oback
- Léon Chabuel Oback, fabuliste contemporain