Monté sur un roussin d’arcadique origine,
Gros-Jean s’était mis en chemin.
Devant lui s’élevait certain sac de farine
Qu’il venait de prendre au moulin.
Déjà nos trois objets avançaient à merveille,
Lorsque la fatigue, à la fin,
Saisissant maître Longue-Oreille,
Il s’arrêta tout court, sans respect pour Martin,
Dont les avis… en bois de saule
Venaient mourir sur son épaule
Comme les vents contre un rocher.
Les coups ne servant point, Gros-Jean voulut chercher
Un moyen pour sortir de ce pas difficile ;
Il prend le sac, et sur son dos
Le charge sans autre propos ;
Puis, remontant sur la bête indocile :
« Voudras-tu, lui dit-il, avancer de nouveau,
Maintenant que c’est moi qui porte ton fardeau ? »
Combien est-il de gens, comme lui bons apôtres,
Qui ne demanderaient pas mieux
De supporter le faix des autres…
Pourvu qu’on le portât pour eux !
“Le Meunier, l’Ane et le Sac