Un milan, voleur redouté,
Qui des dieux bravait la puissance,
Tomba malade. En cette extrémité.
Il ose implorer leur clémence.
La crainte le rendait contrit.
Ce dévot personnage,
Vers le séjour céleste élevant son esprit.
Appelle une cigogne, et lui tient ce langage :
Hélas ! je meurs, si les dieux immortels
Ne sont touchés de ma misère.
Encensez pour moi leurs autels,
Obtenez-moi leur secours salutaire.
– Cela n’est pas aisé, compère,
Répondit la cigogne, et j’appréhende fort
Qu’ils ne soient sourds à ma prière.
Pour ne te rien celer, ils n’auraient pas grand tort.
Tu n’aimes pas les dieux, mais tu crains leur colère.
Comment peux-tu compter sur eux,
Toi qui, noirci de mille crimes,
Jusques sur leurs autels dévoras les victimes ?
En vain pour ta santé je leur ferais des vœux.
En respectant les dieux montrons notre sagesse ;
De bonne heure tâchons de nous les rendre amis :
Il est bien tard de leur être soumis
Quand la Parque nous presse !
“Le milan et la cigogne”