Victorin Fabre
Homme de lettre, poète et fabuliste XVIIIº – Le Miroir de la Chouette
Lunettes sur le nez, front chauve, une chouette,
Du moment qu’il faisait assez nuit pour y voir,
Jusqu’au réveil de l’alouette,
Lisait le grand Albert, sorcier d’un grand savoir.
Des anneaux constellés elle apprit le pouvoir,
Et la vertu de la baguette.
Enfin, à la faveur d’un beau minuit bien noir,
Pour éclairer son siècle, elle fit un miroir
Merveilleux et philosophique.
Le monde entier s’y peint sous l’aspect véridique
Qu’il prend à de bons yeux pour qui la clarté fuit
A l’aurore, et revient au retour de la nuit.
Jugez si la glace est fidèle !
Je m’en rapporte à vous, philosophes de cour.
Elle vous rend un merle aussi noir que le jour ;
La blancheur de la nuit passe à la tourterelle.
— Oh! le joli miroir ! comment le nomme-t-on?
— Chez les chouettes? la raison.
Le Miroir de la Chouette, Victorin Fabre