Sur la corne d’un fort taureau ,
Qui paissait dans un pré rempli d’herbes nouvelles,
Un petit moucheron vint reposer ses ailes ;
Et, comme si son corps était un lourd fardeau,
Il lui dit ; mon ami, si mon poids t’importune,
Parle, j’irai plus loin promener ma fortune :
Je ne veux point, sur toi, par force, être reçu.
Pauvre petit ! ton orgueil t’a déçu ,
Répondit le taureau ; ne te mets point en peine ;
Ta présence si peu me gène,
Que je ne m’en étais nullement aperçu.
On rit du moucheron, et sans être plus sages,
De l’orgueil, tous les jours, nous écoutons la voix ;
Combien ne voit-on pas de petits personnages
Qui voudraient qu’on les prit pour des hommes de poids.
“Le Moucheron et le Taureau”