Fable dédiée à mes petits-fils
Dans un joli nid de pinsons.
Au retour du printemps, quatre œufs venaient d’éclore :
La mère les couvait ; le père, dès l’aurore,
Glanait pour sa famille en chantant ses chansons ;
Tout allait bien, et grâce à la nature,
Les petits, chaque jour, avaient leur nourriture
Un fin duvet d’abord, et des plumes bientôt
Recouvrirent leur corps débile;
Puis la force arriva pour voler, pas très haut :
Et puis enfin, chacun se sent habile
A prendre son essor, à voltiger au loin.
« De notre mère, non, nous n’avons plus besoin.
Disait l’un d’eux ; partons, partons, mes frères.
Allons là-bas visiter ces bruyères, »
Les autres font chorus : « Nous sommes assez grands.
« Répondirent-ils. pour suivre notre envie .
« Oui, désormais, vivons indépendants ;
« Car la liberté c’est la vie! »
Et pleins de joie ils s’envolent soudain.
Comme des écoliers échappés du collège ;
Leur mère les appelle en vain,
Ils ne l’écoutent pas, et, tombant dans un piège.
Les voilà pris ! c’était leur lot ;
Un oiseleur les met en cage,
Et pour avoir voulu vivre libres trop tôt,
Ils subissent, hélas! le plus dur esclavage.
Retenez bien, mes fils, cette leçon;
Sachez que, dans ce monde, un guide est nécessaire,
Et qu’un petit enfant, comme un petit pinson,
A toujours besoin de sa mère.
Le Nid des Pinsons, Jules Lagarde – 18?? – 1???